Inclassable, atypique, profondément libre, Andrée Putman a, durant toute sa carrière, imaginé des ponts entre les différents arts, la mode, la décoration et le design.
Andrée Putman se définit volontiers comme « la fille d’un couple de moutons noirs, eux-mêmes issus d’une longue lignée de moutons noirs ».
Née en 1925, d’un père intellectuel, normalien maîtrisant à la perfection sept langues, mais ayant fait vœu d’austérité et de réclusion en réaction à son milieu, et d’une mère concertiste, pianiste de talent, fantasque, qui se consolait dans la frivolité « d’être une immense artiste sans scène ».
Andrée en retient le meilleur, un goût artistique précoce mais aussi le rejet des conventions bourgeoises.
Andrée Putman devient journaliste pour plusieurs magazines puis rejoint en 1958, en tant que styliste, la chaîne de magasins populaires Prisunic, où elle s’emploie « à faire de belles choses pour rien » : elle imagine des pièces de mobilier et de décoration à prix abordables. Elle s’illustre ensuite au sein de l’agence de style Mafia.
En 1971, elle crée avec son ami Didier Grumbach une société innovante spécialisée dans le développement du prêt-à-porter: Créateurs et Industriels. Dans le concept store de la rue de Rennes à Paris, elle sera par son intuition la révélatrice de nombreux talents, comme Jean-Charles de Castelbajac, Issey Miyake, Claude Montana ou Thierry Mugler.
« Mon seul souci était de me dire : « si j’intéresse au moins dix personnes, j’aurai accompli quelque chose qui va me porter toute ma vie » ».
En 1978, Andrée Putman créé la société Ecart et ressuscite les talents oubliés des années 1930 : Eileen Gray, René Herbst, Jean-Michel Frank, Pierre Chareau, Robert Mallet-Stevens, …
Elle se passionne pour leur travail, déniche des pièces, les restaure, les réédite, les fait connaitre. Elle élabore un catalogue d’une inestimable cohérence.
En 1984, l’aménagement de l’Hôtel Morgans à New York, premier boutique hôtel au monde, marque un tournant dans sa carrière : elle parvient à réaliser un hôtel de luxe avec très peu de moyens. Andrée est ainsi appelée pour aménager de plus en plus de projets d’architecture intérieure et conçoit les intérieurs d’hôtels pour Sheraton ou Ritz Carlton, des boutiques pour Azzedine Alaïa et Karl Lagerfeld. Elle imagine aussi des bureaux, notamment celui de Jack Lang au Ministère de la Culture en 1984, et des musées comme le CAPC, musée d’art contemporain de Bordeaux et le musée des Beaux-Arts de Rouen.
À travers ses réalisations, Andrée Putman souhaite réconcilier les matériaux riches et pauvres et utiliser de manière inédite la lumière. Elle s’applique à mettre les espaces à nu pour retrouver leur origine. Au fil de ses travaux, elle s’attaque aussi aux modes de vie en réformant nos usages des espaces.
« les intérieurs les plus réussis sont ceux où l’on ne remarque pas l’originalité, mais où l’on a juste le sentiment de bien s’y sentir. »
En 1997, Andrée Putman crée le Studio Putman, spécialisé en architecture intérieure, design et scénographie.
Elle aménage partout dans le monde des hôtels, des résidences privées, des bureaux, des boutiques et imagine des objets et du mobilier.
En 2007, c’est un nouveau et grand chapitre qu’Andrée Putman a souhaité ouvrir en confiant à sa fille, Olivia, les rênes de son studio et pérenniser ainsi un savoir-faire, une griffe, un style, une estampille.
Indifférente aux tendances, Andrée Putman nous rappelle en permanence que le design doit servir à adoucir et embellir la vie.
« J’aime le beau et l’utile, et plus encore le beau dans l’utile. »